Agences bancaires attaquées, abris de bus brisés, horodateurs cassés, conteneurs brûlés… les Black blocs ont frappé le quartier Saint-Pierre samedi 5 octobre lors de la manifestation des Gilets jaunes.


« Je suis sorti pour voir ma voiture. Ma femme ne voulait pas. Elle était prostrée », raconte Fabrice, depuis plus de 20 ans dans le quartier. Il est scotché par la violence des Black blocs qui ont saccagé le coin et affronté les CRS qui ont répliqué avec force. « Devant chez vous, ça impressionne. Ces gars sont organisés et motivés », souffle-t-il. Ce dimanche 6 octobre, l’odeur de fumée des conteneurs incendiés était encore présente. « Les gaz sont entrés dans les maisons », lance Fabrice.

Un voisin s’est posté devant sa voiture par crainte qu’elle ne passe à la casse. Les Black blocs l’ont fait reculer en lui hurlant dessus : « On ne va pas la toucher ta caisse ! Te mêle pas de ça ! ».« Ils dénoncent des violences policières et ils défoncent tout dans un quartier populaire. On ne roule pas sur l’or ici ! », s’emporte une dame qui souhaite rester anonyme. « Il ne manquerait plus qu’ils repassent », dit-elle.

Des projectiles récupérés sur un chantier

Le premier accrochage a eu lieu au McDo d’Amiens nord. Les Black blocs ont profité de l’absence des CRS sur ce point, pourtant évidemment sensible, pour défoncer les vitres de la vente à emporter. « Il y avait des familles. On les a fait reculer et on a fermé », raconte un responsable. Des clients originaires du quartier sont allés vers les casseurs avec un message : « Continuez et on s’occupe de vous ». Efficace : les Black blocs se sont déplacés. C’était pour mieux s’en prendre aux abris de bus et aux conteneurs qu’ils ont incendiés au milieu de la chaussée Dupontreué. « Ils font ça tranquille, avec un briquet », remarque Fabrice.

Pour casser, ils ont profité de « munitions » récupérées sur un chantier immobilier grand ouvert, en bord de chaussée ! Ces briques ont plu sur les CRS et même sur des Gilets jaunes placés devant. Charges, reculades, charges… Il y a eu un temps calme avant que le cortège pris dans les gaz lacrymogènes n’arrive dans la partie commerçante de Saint-Pierre, sous le regard et parfois des encouragements de riverains massés à leurs fenêtres et sur les trottoirs. « Les policiers nous ont demandé de fermer. C’était impressionnant, mais ils n’ont rien fait au magasin », raconte la vendeuse de la boulangerie. « La police a demandé de baisser le rideau. Ça s’est bien passé pour les collègues, mais quand on voit les dégâts… », racontent les vendeurs du Carrefour Market.

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