Après dix ans de procédure, Angélique, infirmière de l’hôpital psychiatrique amiénois, a de nouveau été relaxée du chef d’homicide involontaire d’une patiente, ce mercredi 3 avril.


Quand, dans le couloir du palais de justice d’Amiens, Me Giussepina Marras se jette fébrilement sur l’arrêt de la cour d’appel, qu’elle crie « On a gagné » et qu’Angélique lui tombe dans les bras, l’émotion est à la hauteur du « cauchemar » qu’a vécu l’infirmière de l’hôpital psychiatrique Pinel.

« C’est l’aboutissement rêvé, confie-t-elle entre deux larmes. Mais la sanction, je l’ai déjà eue pendant dix ans, et mes filles et mon mari aussi. Enfin, la justice dit que c’est l’eau bouillante du bain qui est responsable de la mort de ma patiente et que je ne suis pas responsable de cette eau bouillante. Je me sens épuisée, psychologiquement abîmée. Ma patiente, je ne l’oublierai jamais. »

« Acharnement »

Le 4 août 2009, Angélique, 33 ans alors, devait gérer seule 18 patients de l’hôpital psychiatrique Philippe-Pinel. À 18 heures, elle décide néanmoins de donner un bain thérapeutique à sa patiente Valérie. Elle fait couler l’eau, teste la température et… a une envie pressante. « J’ai dit à Valérie de se déshabiller et de m’attendre ». Angélique va aux toilettes. Au retour, elle parle aussi avec ses collègues et un patient, puis s’exclame : « Mais j’ai un bain qui coule, moi ! » Quand elle arrive, c’est l’horreur : Valérie est plongée dans une eau brûlante, sa peau part en lambeaux, elle est morte. Les policiers vérifieront que quand on règle le mitigeur à 37 º, la baignoire se remplit d’une eau à 52 º…

Pourtant, au terme d’une instruction à rallonge (cinq juges, six expertises), seule l’infirmière sera renvoyée devant le tribunal correctionnel, et non la personne morale de l’hôpital. Le 18 juin, défendue par Me Hubert Delarue, elle est relaxée, mais le parquet fait appel, preuve selon Me Marras qu’il y a eu dans ce dossier « un acharnement de la justice, qui a voulu prouver coûte que coûte qu’elle ne peut pas se tromper ».

« Preuve des dysfonctionnements »

« Aujourd’hui, l’hôpital est placé sous tutelle par le ministère, poursuit l’avocate. C’est la preuve que les dysfonctionnements, que nous avons dénoncés, existent bien. » Me Marras a une pensée pour la famille de Valérie : « elle voulait la vérité. Aujourd’hui, elle n’a qu’une vérité judiciaire : Angélique n’est pas responsable de la mort de leur fille ».

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