Depuis le 15 janvier, le site du Grand débat national a recueilli des milliers de contributions de Français sur quatre grands thèmes, dont celui de la Transition écologique. Au lendemain des marches des lycéens pour le climat, nous avons analysé les données déjà disponibles pour y voir ce que les Français disent de ce sujet. Ils sont prêt à agir, le font souvent déjà, mais ne veulent pas être les seuls.


Des réunions publiques ont été organisées du 15 janvier au 15 mars dans le cadre du Grand débat national, initié par le gouvernement en réponse au mouvement des Gilets jaunes. Le site internet dédié continue, lui, à recevoir des contributions jusqu’au lundi 19 mars, mais une grande partie des contributions déjà parvenues sont déjà accessibles.

Alors que les lycéens européens, dont les Français, se mobilisaient le 15 mars contre le réchauffement climatique, nous sommes allés voir ce qui s’est dit des questions environnementales dans le cadre du Grand débat. Celui-ci couvrait quatre grands thèmes fixés par le gouvernement, dont l’environnement.

Sous l’appellation « La Transition écologique », il est le deuxième thème ayant reçu le plus de contributions, derrière la thématique Impôts et fiscalité.

Au 13 mars, 95 957 participants avaient laissé 125 238 contributions sur les questions liées à la Transition écologique.

Ce que l’on apprend des questions fermées

Le site du Grand débat national posait plusieurs questions sur la Transition écologique. Il s’agissait soit de questions ouvertes, auxquelles on répond par un texte libre, soit de questions dites fermées, auxquelles on peut répondre seulement par oui ou par non.

Voici les réponses apportées au 8 mars aux quatre questions fermées autour de l'environnement :

Les deux-tiers des répondants répondent « oui » à la question « Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd’hui touchée par le changement climatique ? ». Et plus de 80 % pensent pouvoir « contribuer à protéger l’environnement ».

Ces fortes tendances doivent être relativisées par le fort filtre qui s’applique : les personnes qui s’expriment ont fait la démarche d’aller sur le site du Grand débat puis d’entrer dans l’univers La Transition écologique. Cela marque déjà un intérêt pour la question.

Des milliers de données

Aux alentours de la mi-avril, le gouvernement devrait publier une synthèse des contributions déposées sur le site, mais aussi remontées dans les bilans des 10 000 réunions qui se sont tenues depuis le 15 janvier, et dans les cahiers de doléances remontés par 16 000 communes. Une masse considérable de données !

Ce travail d’analyse va être effectué - après numérisation de 400 000 pages de contributions - avec des logiciels de traitement du langage. Il devrait en ressortir des idées et des propositions qui seront présentées dans la synthèse.

Des contributions de qualité

En attendant ce rapport final, nous avons commencé à étudier les contributions déposées sur le site du Grand débat, en réponse aux questions sur la Transition écologique. Nous avons retenu trois questions ouvertes, auxquelles les internautes pouvaient répondre à leur guise : « Que faites-vous aujourd’hui pour protéger l’environnement et/ou que pourriez-vous faire ? », « Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ? », et « Y a-t-il d’autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ? ». Cela représente déjà 350 MB de données…

Pour étudier les réponses, nous avons utilisé Storifier. Il s’agit d’un outil développé par des chercheurs de l’Université de Toronto, Canada (Nicole Sultanum et Fanny Chevalier) et de l’Université Paris-Sud et INRIA, France (Anastasia Bezerianos, financée par le projet iCoda sur le data-journalisme).

Cet outil facilite l’analyse de collections de texte volumineuses, en combinant des algorithmes de traitement de texte et des méthodes de présentation visuelle visant à aider la recherche et la navigation de contenu :

Tri, transports en commun, bio & local

En naviguant dans les contributions, une première chose saute aux yeux : l’implication des auteurs dans le sujet, et la qualité des réponses. À la question « que faites-vous aujourd’hui pour protéger l’environnement et/ou que pourriez-vous faire ? », les réponses font en moyenne 25 mots et vont en longueur jusqu’à… 9525 mots.

Les contributeurs sont restés focalisés sur le thème de l’écologie, et les réponses sont généralement précises et argumentées. Détail intéressant, dans les réponses le nom d’Emmanuel Macron revient plutôt rarement, et généralement dans une allusion aux « cars Macron » ; les internautes ont répondu pour parler environnement, pas pour faire de la politique.

Les actions quotidiennes en faveur de l’environnement les plus fréquemment citées sont le tri des déchets (et son petit frère le compost), l’utilisation des transports en commun et la consommation raisonnée : manger bio et/ou local, réduire ses déplacements en particulier en avion, manger moins de viande, ne pas surconsommer de vêtements…

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