Le géant de la distribution a entamé un bras de fer avec le groupe Pernod-Ricard, sur fond de hausse des prix de nombreux produits alimentaires de grandes marques. Les bouteilles d'alcool du groupe disparaissent des rayons des Leclerc et leur prix flambe ailleurs.


Les amateurs de pastis vont avoir du mal à trouver leur boisson favorite et ils risquent de le payer plus cher. C’est un effet indirect de la loi agriculture et alimentation, et des négociations commerciales qui se déroulent jusqu’à fin février entre l’industrie agroalimentaire et la grande distribution.

Pourquoi c'est important. Les grandes surfaces font pression sur les industriels pour casser les prix. Les discussions sont souvent féroces, mais elles se déroulent généralement en toute discrétion. Pas cette fois. En plein bras de fer avec Pernod-Ricard, les hypermarchés et supermarchés Leclerc ont décidé  de retirer de leurs rayons les célèbres bouteilles de pastis, mais aussi les autres marques d’alcool du groupe.

1. Des prix négociés à l'échelle européenne ?

Le géant de la distribution s’est brouillé avec le numéro 2 des spiritueux dans le monde. Selon la revue professionnelle France Boissons, qui a révélé l’information, Leclerc veut négocier les prix d’achat avec Pernod-Ricard à l’échelle européenne, en s’appuyant sur la centrale d’achat Eurelec Trading créée en 2016 avec un autre mastodonte de la grande distribution, le groupe allemand Rewe.

Le chiffre d’affaires cumulé de Leclerc et Rewe pèse une centaine de milliards d’euros. Leur volume d’achat donne du poids aux deux enseignes pour négocier des prix très bas.

Le groupe Pernod-Ricard refuse cette négociation au niveau européen, d’où le contentieux avec Leclerc. Le rapport de force a conduit le numéro un de la distribution en France à prendre une mesure extrême : priver ses clients de leurs marques préférées. Outre les pastis Ricard et 51, Leclerc suspend également la vente d’une trentaine de références, dont l’apéritif Suze, le rhum Malibu et les whiskies Ballantine’s et Aberlour.

Ce n’est pas la première fois que Leclerc ferraille avec un gros fournisseur. Début 2018, les clients du distributeur ne trouvaient plus de bouteilles et de cannettes de Coca-Cola dans les rayons. Leclerc avait refusé une hausse des prix que voulait lui imposer le géant américain des boissons non alcoolisées. Là encore, le numéro un de la grande distribution avait mis le contentieux sur la place publique.

Plusieurs grandes surfaces affichaient devant des rayons vides cette explication : "Chers clients, en raison d’un désaccord avec le fournisseur Coca-Cola, qui souhaite augmenter significativement le prix de ses produits en 2018, l’enseigne E. Leclerc n’a pu trouver d’accord avec ses fournisseurs et présente ses excuses pour les ruptures constatées sur ces produits".

Un accord avait fini par être conclu et la célèbre boisson pétillante avait retrouvé sa place dans les rayons.

Ce n’est pas tout à fait un hasard si le bras de fer entre Leclerc et Pernod-Ricard intervient au moment où l’application de la loi agriculture et alimentation fait augmenter le prix de plusieurs produits alimentaires de grandes marques.

Depuis le 1er janvier, les promotions sont très encadrées, et depuis le 1er février, les grandes surfaces doivent obligatoirement vendre un article 10% plus cher que le prix auquel elles l’ont payé à leur fournisseur, à la suite du relèvement du seuil de revente à perte.

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