Les bénéficiaires des Restos du Cœur qui apprennent le français bénéficient en supplément, une fois par mois, de cours de cuisine dispensés par Nicolas Medkour, chef du restaurant Le Quai.


"Une râpe à légumes carrée comme ça, vous pouvez en trouver à 1 euro dans le commerce", explique Nicolas Medkour, qui joint le geste à la parole en préparant une semoule végétale avec du chou-fleur. « Passée au beurre dans une casserole, deux minutes pas plus, c’est excellent et ça fait manger des légumes aux enfants. » Le chef du restaurant Le Quai donnait son premier cours de cuisine, ce mardi 15 janvier, aux bénéficiaires des Restos du Cœur qui suivent les cours de français.

Au menu de ces trois heures qu’il consacre bénévolement à l’association fondée par Coluche : le pot-au-feu. Un plat typiquement français, « pas cher à réaliser, et qui peut ensuite se décliner en plusieurs recettes ». Le chef s’impose un budget serré, des produits de saison, et pas de gaspillage. Les poireaux du pot-au-feu avec un œuf dur et de la vinaigrette, ça fait un autre plat. Les légumes avec une omelette et des épices, encore un autre plat. Enfin, le bouillon avec des spaghettis, aussi.

Des élèves albanaises, arméniennes…

En face, assis sur leur chaise, ses élèves du jour prennent des notes, écrivent les mots de vocabulaire qu’Alain Fauré, un des profs de français des Restos du Cœur, écrit sur le tableau. Morjda Demiraj est albanaise. Elle est arrivée en France il y a quatre ans et demi. « J’ai fait une école de cuisine en Albanie et je travaillais dans un restaurant, explique la jeune femme, enthousiaste. Quand je suis arrivée ici, je ne parlais pas un mot de français. Je savais seulement dire : bonjour, ça va ? ». Elle a fait beaucoup de progrès depuis qu’elle suit les cours, deux fois par semaine, des Restos. Comme Kristine Grigoryan, qui est arménienne. « J’adore faire la cuisine, des feuilles de raisin fourrées à la viande, ou les burek, des feuilles de brick fourrées au fromage ou à la viande. » Elle s’est mise à la cuisine française, « du poulet avec des champignons et de la crème », sourit-elle. « Et moi, des endives au jambon ! », ajoute aussitôt Morjda, qui en a goûté pour la première fois au restaurant.

La cuisine a l’art de délier les langues. Le cours de Nicolas Medkour se passe dans la bonne humeur et les questions sont nombreuses. La pause-café sera encore l’occasion de discuter, d’exercer son français.« La cuisine fait partie des questions posées par la préfecture dans leur parcours de demande de titre de séjour », remarque au passage Alain Fauré.

Le chef du Quai s’est engagé à venir une fois par mois aux Restos du Cœur. D’abord pour la quarantaine de bénéficiaires qui suivent les cours de français. Ensuite pour ceux qui viennent chercher l’aide alimentaire.

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