La violence a de nouveau émaillé le cortège des Gilets jaunes à Paris pour le 18e samedi de mobilisation. De nombreux commerces ont été vandalisés dans le secteur des Champs-Elysées. Pourquoi les forces de l'ordre n'ont-elles pas pu maîtriser les vandales ?


Des gendarmes violentés, des vitrines détruites, le Fouquet's en feu. Paris a de nouveau connu ces scènes de fortes violences ce samedi pendant l'acte XVIII des Gilets jaunes. Cela n'était plus arrivé depuis décembre et janvier dernier.

Symbole du luxe gastronomique, la brasserie le Fouquet's a été pillée. Une mise à sac en règle. De très nombreux dégâts ont été causés à l'intérieur à la mi-journée. En fin d'après-midi, il a de nouveau été pris pour cible puisque sa véranda a connu un début d'incendie rapidement maîtrisé par les pompiers de Paris. Aucun blessé n'est à déplorer dans le prestigieux restaurant où Nicolas Sarkozy avait fêté sa victoire à l'élection présidentielle en 2007. Une fois le feu éteint, plusieurs Gilets jaunes ont posé fièrement devant la brasserie.

Un pillage généralisé

D'autres boutiques ont été victimes de pillages dans le secteur des Champs-Elysées : Longchamp, Hugo Boss ou Lacoste. Des enseignes de prêt-à-porter ont aussi subi la fureur des manifestants comme Celio ou Zara, les bijoux Swarovski ou l'enseigne de sport Foot Locker. Autres cibles : le restaurant Léon de Bruxelles, le café Deauville, des kiosques à journaux. Des casseurs ont même pénétré à l'intérieur de la boutique du PSG pour lancer des ballons aux manifestants à l'extérieur ... La plus belle avenue du monde n'en avait plus que le nom. De l'Arc de Triomphe au rond-point des Champs-Elysées, le chaos était partout.

A chaque fois, les mêmes scènes se répètent : un groupe d'hommes masqués et habillés en noir quitte le cortège des Gilets jaunes et passe à l'action. Dès la mi-journée, Christophe Castaner, en visite à la préfecture de police de Paris, chiffrait à 1500 le nombre de manifestants ultra-violents et dénonçait la présence de "professionnels de la casse". Pourtant, environ 5000 policiers et gendarmes et six blindés de la gendarmerie étaient mobilisés. Des effectifs en hausse suite à l' "ultimatum" que les leaders du mouvement avaient lancé à Emmanuel Macron.

Qu'a fait la police ?

Alors pourquoi les forces de l'ordre n'ont-elles pas pu empêcher les casseurs d'agir ? Frédéric Lagache, le secrétaire général adjoint du syndicat de police Alliance, interrogé par le Journal du Dimanche, y voit deux raisons : "La polémique autour de l'usage des LBD [lanceurs de balles de défense] a rendu la tâche plus difficile. Sous prétexte de limiter les dangers de cette arme, on a doté les collègues de cartouches à portée beaucoup plus réduite : 6 à 7 mètres contre 40 mètres précédemment. D'autre part, nous estimons qu'il n'y a pas assez de mandats de dépôts contre les fauteurs de troubles. Au bout de dix-huit semaines, seule la prison peut être dissuasive".

Un ancien responsable policier, toujours interrogé par le JDD, avance une autre explication : les hommes de la BRI (brigade de recherche et d'intervention) étaient mobilisés pour les interpellations préventives aux côtés des détachements d'action rapide (DAR). "Leur utilisation sur les Champs-Elysées aurait aussi été utile pour limiter la casse des magasins", selon cet ex-responsable.

Policiers et gendarmes ont arrêté 280 personnes dans la journée.

De vives réactions politiques

Cette journée de violences suscite la colère de la maire de Paris. "Je suis extrêmement choquée par ces violences (...) Ce qui s'est passé est d'une violence inouïe", confie Anne Hidalgo au quotidien Aujourd'hui en France. Cette fois, ça suffit". Elle attend des explications du gouvernement.

Pour François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes, "il est inacceptable de voir que le gouvernement n'arrive pas à maintenir l'ordre dans notre pays. Il faut mettre fin à l'impuissance de l'Etat". Marine le Pen s'en prend aux blacks blocs qui "détruisent, brûlent, violentent toujours en toute impunité".

Le porte-parole des Verts Julien Bayou voit, lui, un "problème Castaner" qu'il accuse de "provoquer les Gilets jaunes".

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